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Un écran montre le président français Emmanuel Macron lors du premier jour du sommet des dirigeants du G20, le 22 novembre 2025 à Johannesbourg, en Afrique du Sud [Photo d'illustration].
Une pétition, lancée ce 2 décembre par le parti Les Républicains, fustige la «dérive [...] aussi scandaleuse que dangereuse» d'un président de la République qui «outrepasse ses droits, et manque à ses devoirs» au travers de sa proposition d'instaurer une «labélisation» des sites d'information et des réseaux sociaux «par des professionnels».
« Assez d'infantilisation ! Les Français sont assez grands et intelligents pour s'informer par eux-mêmes, sans médias labellisés, sans police de la pensée ». Dans une pétition lancée ce 2 décembre, Les Républicains (LR) demandent « l'abandon immédiat de ce projet de labellisation », en référence à une proposition formulée mi-novembre par Emmanuel Macron quant à une « labélisation » des médias. Une « dérive », martèle le parti de droite, qui « est aussi scandaleuse que dangereuse ».
Emmanuel Macron « n'a reçu aucun mandat du peuple pour désigner les "bons" ou les "mauvais" médias », peut-on lire, « sa fonction de chef de l'État ne l'autorise pas à se comporter comme un censeur en chef ». « Certifier l'information reviendrait à instaurer une vérité officielle : ce n'est pas cela, la démocratie », avertit LR, arguant que « seules la liberté d'information et la pluralité des expressions permettent un avis éclairé ».
« Les "fake news" sont une réalité, mais nous ne répondrons pas au mensonge par la censure, et à la défiance par le soupçon. Car qui labélisera les labélisateurs ? Et selon quels critères idéologiques ? », assène encore l'auteur de la pétition, qui souligne qu'en cas de labélisation de l'information « les médias seront fatalement accusés d'être aux ordres, et notre démocratie en sera affaiblie ».
Cette pétition survient au lendemain de la publication d'une vidéo par l'Élysée, pointant du doigt CNews au travers de propos tenus par son présentateur vedette Pascal Praud ainsi que par l'ancien ministre Philippe de Villiers qui intervient sur la chaîne d'information. Figurant également dans cette séquence vidéo, où était incrustée la mention « attention fausse information » : un message posté quelques heures plus tôt sur X par Bruno Retailleau.
« Rassurez-moi : ce tweet de l'Élysée a bien été labellisé ? »
« Nul gouvernement n'a à trier les médias ni à dicter la vérité. La France n'a pas besoin d'un ministère de la Vérité », déclarait notamment dans ce message l'ancien ministre de l'Intérieur et actuel président des LR, évoquant une « dérive inquiétante ».
« Rassurez-moi : ce tweet de l'Élysée a bien été labellisé ? », taclait dans la soirée, en réaction à cette vidéo postée par les services de la présidence française, le président LR, qui a annoncé quelques heures plus tard le lancement de la pétition.
Des inquiétudes qui s'inscrivent dans le cadre d'une polémique suscitée par des propos d'Emmanuel Macron. Le 19 novembre, à l'occasion d'une rencontre avec les lecteurs de La Voix du Nord à Arras, le président français proposait d'instaurer une « labélisation » des sites d'information et des réseaux faite « par des professionnels ». Des propos remis sur le devant de la scène médiatique par le Journal du Dimanche (JDD)à l'occasion d'un éditoparu le 29 novembre.
Dans celui-ci, Jules Torres, chef de service au JDD, s'est notamment attardé sur les pistes envisagées afin d'effectuer cette labélisation de l'information : à savoir l'Arcom « c'est-à-dire le régulateur directement sous tutelle de l'État » et Reporters sans frontières, « ONG très orientée - dont le dernier rapport contre CNews a été... désavoué par l'Arcom elle-même ».
« Non, le gouvernement ne va pas créer tel ou tel label destiné à la presse, [...] il n'y a pas de ministère de la Vérité » a déclaré ce 2 décembre, sur le ton de la dérision, la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon reprenant ainsi la ligne de la presse marquée à gauche qui joue sur les mots et références littéraires employés par les détracteurs d'une « labélisation » des médias.